Comme avec « l’affaire
de l’adjudant MAYOMBO », ce militaire assassiné dans la bourgade de Nanga
en 2011, en pleine campagne pour les législatives, la province de la NGOUNIE
est une nouvelle fois dans la tourmente. Au centre de ce qui peut embraser
politiquement toute la province et, particulièrement la commune de Mouila,
l’interpellation de trois proches d’un conseiller du Président de la République
pour trafic d’organes humains. Crimes rituels ou manipulations
politiques ?
L’affaire « Alfred MADOUNGOU » couvait sous la cendre depuis
de longues dates. Des questionnements nombreux, à propos de la montée en
puissance et à la vitesse « grand V » de ce jeune compatriote plus
connu sous le pseudonyme de « Mavessi » dans les milieux
« Sango » de Mimongo. Sa promotion et de très bonne source, qu’il
doit aux milieux proches de l’actuel Chef de l’Etat, n’a surpris que ceux des
acteurs politiques de la Majorité et originaires de la Ngounié qui ne l’ont pas
vu à l’œuvre dans l’entourage de Jean Clément DIVUNGUI DI NDING, alors
vice-président de la république.
« Mavessi » a la charge à mobiliser la jeunesse et côtoie
Frédéric MASSAVALA. MADOUNGOU qui a le « flair » et, de surcroit, la
capacité et la réputation de connaitre et de maitriser certains milieux de la
pègre à Libreville, voire dans la province de la Ngounié, rallie le camp
présidentiel. Au terme de cette élection très mouvementée, Alfred MADOUNGOU est
en première ligne dans le mouvement des jeunes qui soutiennent Ali BONGO
ONDIMBA.
C’est donc au regard de cette implication personnelle dans le chaudron
de la présidentielle qui a failli embraser le Gabon que « Mavessi »
est nommé chargé de mission du Président de la République et intègre les
services du Chef de Cabinet de l’époque, un certain Maixent ACCROMBESSI,
aujourd’hui Directeur de Cabinet. Un peu plus tard, il est promu conseiller
chargé de missions, toujours dans l’entourage d’ACCROMBESSI. Suivez notre
regard et comprenez la suite.
Dans la Ngounié, la montée en puissance de ce jeune homme, très limité
intellectuellement, surprend et choque d’autant plus qu’au « titre »
qui gêne énormément, s’ajoute l’aisance matérielle.
Et sur ce point, comme tout parvenu, qui n’est nullement
« Rambo » physiquement, bien qu’ayant obtenu à partir de ce chapitre,
Alfred, homme de missions ayant roulé sa bosse dans bien de cabinets politiques
avant d’atterrir à la présidence de la République, est un fin stratège
politique et militaire. Il sait hurler avec les loups.
Mieux, depuis qu’il est conseiller du Président de la République et
proche de l’homme fort actuel de la province, Alfred se sent pousser des ailes
au point d’avoir des ambitions politiques dans le département de l’Ogoulou de
Mimongo ou son frère, Santurel NGOMA MADOUNGOU ancien ministre et actuel
député, est l’un des poids lourds.
Quand, en Novembre 2011, Léon NZOUBA croise le fer avec Pierre Claver
MANGANGA MOUSSAVOU, leader du Parti Social Démocrate, « l’apport de
« Mavessi » est plus que déterminante au niveau de la mobilisation et
du vote des jeunes.
Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin et dans le souci de se
projeter pour les prochaines batailles électorales, il est investi par le Parti
Démocratique Gabonais pour conduire la liste des locales.
Le parti de MAGANGA MOUSSAVOU passe deux fois la trappe, le scrutin
ayant été repris pour fraude. Et de source concordante, notre
« illettré », malgré l’handicap notoire et non négligeable,
s’apprêterait à se positionner pour le Sénat.
Curieusement, personne jusqu’à ce qu’explose le « scandale »
qui risque d’éclabousser les milieux politiques de la province et, partant, de
la république, tant les faits évoqués, s’ils se révélaient fondés, ne cernait
avec exactitude, les qualités de criminel de ce jeune homme, aujourd’hui moulé
du fer et la rude vie de la nature ou il faut se battre pour survivre.
Et à écouter ceux qui l’ont connu et côtoyer, « Mavessi » serait
une terreur politique, voire sociale pour ses adversaires, lui dont le père est
un ancien cadre de la compagnie d’Eau et d’Electricité à Mouila. Certes on en
parle sous cape sans pour autant pour autant présenter une seule victime de ses
œuvres macabres. Aucun parent n’a annoncé la disparition d’un proche ou d’un
parent direct et porté plainte contre l’intéressé, même si ses détracteurs,
surtout l’élite de Mouila et de Mimongo, voir de Fougamou, continue de
murmurer.
Aussi la présence de ce désormais haut cadre de la province, « qui n’a pas fait l’école pour mériter ce
qu’il est devenu aujourd’hui », dérange t-elle plus d’un lors des
réunions du parti ou de l’association Ngounié Forte dont il est membre.
Plus qu’inquiétant le contour sulfureux du dossier qui le met
directement dans le collimateur de la justice si l’affaire allait à son terme,
l’interpellation dans un premier temps, d’un curieux voleurs dans une structure
commerciale de la commune de Mouila. Le gentil y trouve la somme de trois millions
pour ne s’emparer que d’un petit million qu’il ne dépense pas entièrement. Plus
rocambolesque le passage comme planifié du coq à l’âne, le voleur comme,
téléguidé et volontairement préparé psychologiquement, passe du larcin pour
lequel il est interpelé, entendu et risque la prison, aux sulfureux dossiers
des crimes rituels. Une fiction qu’il va déballer avec force et détails.
Une pratique en vogue dans la province de la Ngounié depuis l’affaire
de l’adjudant Mayombo qui a envenimé en son temps les relations déjà
tumultueuse entre le député de la commune, Léon NZOUBA, et un certain Pierre
Claver MAGANGA MOUSSAVOU, qui en a fait une affaire personnelle.
Qu’en sera-t-il cette fois si, selon certaines indiscrétions proches du
dossier, l’affaire ressemblerait plus à un montage politique pour discréditer
ou ternir l’image de certains proches du Chef de l’Etat qu’à autre chose ?
Yves NZAMBA MOUBOGA